Webyboom

A l'origine, Webyboom était le blog d'un collectif de webdesigners & webconcepteurs, parlant de créa, standards web et accessibilité. Avec le temps, le collectif s'est réduit à une personne (!), et l'on y parle toujours (et surtout) d'accessibilité du web

vendredi 30 décembre 2011

Bye bye Webyboom, hello Accessiblog.fr

Posté par webyboom le vendredi 30 décembre 2011 - Accessibilité

Né début décembre 2011, accessiblog.fr succède à Webyboom, qui restera en ligne et ouvert aux commentaires, mais ne sera plus mis à jour. Consultez l'article inaugural d'Accessiblog pour comprendre pourquoi, et ce que sera ce nouveau blog, qui j'espère vous plaira autant que j'ai eu du plaisir à animer Webyboom!

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lundi 9 mai 2011

Le Web, monde hostile

Posté par webyboom le lundi 9 mai 2011 - Accessibilité

Imaginez un supermarché où les produits sont tous dans des boites indifférenciées, avec comme seules indications des lettres et des chiffres sans aucun sens discernable. Où les paquets de Pépitos sont stockés au plafond, hors d'atteinte. Où les bouteilles de Banga sont toutes d'une couleur variant autour de l'orange, mais sans étiquette pour les distinguer. Où le lecteur de carte bancaire, de carte de fidélité, et la fente du jeton pour le caddie, sont tous semblables, au point qu'on ne saurait dire lequel sert à quoi.

Imaginez une bibliothèque où tous les ouvrages sont rangés sans ordre apparent. Où un grand nombre d'entre eux portent sobrement le titre "Rapport", ou "Doc". Où certains sont juchés en haut d'étagères titanesques, et sont si lourds que vous vous faites un tour de rein en les attrapant. Tout ça pour vous rendre compte qu'ils sont dans une langue inconnue, ou pire encore, que vous êtes incapable d'en feuilleter les pages.

Imaginez un magazine où tous les textes sont de la même taille, et s'enchainent sans aucune structure ni ponctuation, au point de ne former qu'une seule et même gigantesque phrase. Imaginez que le texte est écrit si petit, et avec une encre si claire, que vous avez mal au crâne dès la première ligne. Où toutes les illustrations sont un sobre rectangle noir, alors que la légende vous promet que dans cette image, se trouve la clé de votre réussite.

Imaginez un parc de loisirs où la musique et le bruit son si assourdissants que vous ne vous entendez plus penser. Où le personnel vous explique les consignes de sécurité, mais aucun son ne sort de leur bouche souriante. Où les attractions vous happent avec leurs chants de sirènes, mais les portes sont si lourdes que vous êtes incapables de les pousser.

Ce monde de cauchemar, vous pourrez sans doute vous en échapper en vous réveillant. Mais pour bon nombre de personnes, ce monde est la réalité : celle d'un web encore trop inaccessible.

Les personnes ne percevant pas les informations visuelles, telles que les images, les vidéos, les mises en forme de textes, les couleurs, auront besoin d'informations sous forme de texte structuré, que leur restitueront efficacement des logiciels permettant de lire ces textes en Braille ou via une voix de synthèse. Les sons parasites devraient alors pouvoir être contrôlés pour éviter l'interférence avec le synthétiseur.

Les personnes ayant une mauvaise vue utiliseront des systèmes d'agrandissement et de changement de couleurs. Encore faut-il que les pages web soient conçues pour autoriser ces modifications d'apparence selon le bon vouloir de l'utilisateur.

Les personnes ne percevant pas les informations auditives, notamment dans les vidéos, auront besoin de textes additionnels, voire de versions en langue des signes pour bénéficier du contenu.

Les personnes qui ne peuvent pas utiliser une souris, doivent pouvoir naviguer et utiliser le contenu avec des dispositifs tels que des tiges de contrôles, des joysticks spéciaux, des logiciels de commande vocale, par les mouvements des yeux, voire... avec un clavier ! Encore faut-il que le concepteur de l'interface ait envisagé que l'on puisse se passer de souris pour la manipuler.

Les personnes indisposées par les sons intrusifs ou les mouvements doivent pouvoir consulter les contenus sans être gênés, et si ces sons ou animations portent une information, elle doit être disponible sous une forme moins "agressive", tel qu'un simple texte par exemple.

La bonne nouvelle, c'est que toutes ces choses sont faisables, et si on prend la peine de s'y intéresser, finalement pas si difficiles ni coûteuses à faire. Une bonne partie est à la portée du blogger débutant, et rien dans ces aménagements ne devrait effrayer un professionnel du web.

En quoi cela vous concerne ? Peut-être pas vous directement, mais considérez qu'en France 1 personne sur 6 ou 7 présente une déficience pouvant constituer un handicap. Rien que dans votre rue, votre bus, ou dans la salle de votre café favori, ça fait du monde. On peut aussi se retrouver en situation de handicap, temporairement ou définitivement, au cours de la vie, en se cassant un bras, en se rétablissant d'une soirée trop bien fêtée, ou en écoutant son iPod trop fort trop souvent. Et puis n'oublions pas, comme le disait Desprosges (juste avant de mourir, ce con), que nous sommes tous atteints d'une maladie dégénérative mortelle, qu'on appelle la vie... avec un peu de chance, nous vivrons assez vieux pour voir dégénérer nos facultés à voir, entendre, et bouger. Un français sur trois aura plus de 60 ans passé 2025, et la société ne pourra pas se contenter de les laisser sur le bord des autoroutes de l'information.

Et ne perdons pas de vue une chose cruciale : avoir une ou plusieurs déficiences ne change pas le poids de son opinion, la valeur de ses euros, ou l'importance de ses contributions intellectuelle, sociale ou artistique. Un internaute qui fuit votre site parce qu'il ne s'y sent pas bien accueilli, vous ne le reverrez pas de sitôt. Surtout si vos concurrents ont sorti le tapis rouge et les petits fours...

Or, dans ce monde maillé par les réseaux sociaux, le pouvoir de nuisance d'un individu est démultiplié. Comme dans les hôtels ou les restaurants, un accueil médiocre sur un site web sera crié sur les toits du Web. Ce n'est pas de la parano, c'est juste un fait, avec lequel il faut composer.

Alors, avant la prochaine mise en ligne, pensez-y...

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jeudi 5 mai 2011

Le top 5 des Raisons Invoquées Pour Ne Pas Rendre Son Site Accessible

Posté par webyboom le jeudi 5 mai 2011 - Accessibilité

Malheureusement, ce top 5 est inspiré de réactions réelles...

Raison numéro 5 [roulement de tambour]: Notre site est trop riche visuellement pour être rendu accessible [coup de cymbale].

Raison numéro 4 [roulement de tambour]: Nos statistiques de fréquentation montrent que les aveugles ne visitent pas notre site [coup de cymbale].

Raison numéro 3 [roulement de tambour]: On le fera si quelqu'un nous fait un procès [coup de cymbale].

Raison numéro 2 [roulement de tambour]: On n'est pas obligé de le faire, puisqu'on paye la cotisation AGEFIPH [coup de cymbale].

Et enfin, raison numéro 1 [roulement de tambour]: Si on rend notre site accessible, on risque d'avoir des handicapés qui vont vouloir être embauchés chez nous [coup de cymbale].

Et si vous ne me croyez pas, passez un peu de temps à promouvoir l'accessibilité, vous risquez d'être salement surpris!

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mardi 19 avril 2011

Mon FEAN à moi

Posté par webyboom le mardi 19 avril 2011 - Accessibilité

Le Forum Européen de l'Accessibilité Numérique (FEAN), organisé par Braillenet, s'est tenu le 28 mars dernier à la Cité des Sciences de la Villette. Le thème de cette année: "Coûts et bénéfices de l'accessibilité".

Cette cinquième édition avait un goût particulier pour moi: j'ai eu l'honneur et le plaisir d'y faire une présentation, sur le thème de l'optimisation des coûts pour l'intervention d'un expert. Cerise sur un gâteau déjà très savoureux : elle a été faite avec Jean-Pierre Villain de Qelios, qui entre autres faits d'armes, est le grand manitou du référentiel Accessiweb.

Pour une revue détaillée et critique de la plupart des interventions, je vous renvoie à l'excellent compte-rendu sur le site de Delphine Malassingne. Pour ma part, je détaillerai ici quelques points de notre présentation trop rapidement abordés par manque de temps. Et ensuite, une petite revue de faits marquants vus de mon coin.

Optimiser le coût de l'expertise

Avec Jean-Pierre nous étions un peu gênés: avec un thème pareil il faut amener du concret. Nous avons des travaux en cours qui donneront à l'avenir des chiffres, mais trop tard pour la conf... De plus, il nous fallait nous démarquer des présentations d'avant et d'après, respectivement de Jean-Marie d'Amour (de l'Institut Nazareth-Louis Braille au Québec), et d'Elie Sloïm de Temesis... sans pour autant en connaitre le contenu. Clairement nous partageons avec eux pas mal de points de vue, il ne s'agissait pas de faire doublon.

Nous sommes partis de la volonté de faire passer des idées fortes, et espérons-le, innovantes. Ce qui impose un effort de communication pour rester dense sans être barbant. D'où la présence de photos amusantes et décalées, technique modestement inspirée des petits chefs-d'œuvre de Chris Heillmann, qui n'a pas son pareil pour dégoter la "photo qui tue", à la fois drôle en elle-même et percutante dans le contexte (bon sang, comment il les trouve? c'est ce qui m'a pris le plus de temps, et encore, j'ai lâché l'affaire à un moment donné).

Parmi ces idées, une qui a rencontré un certain écho, ou jeté un certain "trouble" pour reprendre le terme d'un membre de l'assistance, est celle qui postule que l'expert accessibilité n'est pas seulement un expert en évaluation. On flotte sur cette conception des choses depuis des années en France, notamment parce que c'est ce par quoi on commence tous, et que la formation incontournable dans le domaine, délivrée par Braillenet, porte ce nom. Il faut remettre les choses à leur place: certes, en suivant cette formation, on fait un grand pas vers une compréhension plus vaste de l'accessibilité, mais ça ne reste qu'un point de départ, au regard de tout ce qu'il faudrait savoir. L'évaluation c'est du test logiciel, spécialisé certes, mais pas plus. De fait, devenir "expert" en 5 jours est une illusion douce, mais aux conséquences fâcheuses. Trop souvent les donneurs d'ordre assimilent l'accessibilité à une sous-recette, et s'arrêtent là. Ils ne paient que pour des audits (c'est cadré, c'est concret, ça fait un beau rapport, et un rapport, c'est bien). Alors que parfois un audit ne sert à rien en tant que tel, car souvent c'est trop tard... Comme si on convoquait un spécialiste des incendies pour constater qu'une forêt a brûlé. Tout cela coûte de l'argent et empêche de faire travailler les experts sur ce pour quoi ils sont utiles. D'où cette proposition un brin provocatrice: n'utilisez pas vos experts pour faire des audits. Apprenez à les faire, et faites-les vous-mêmes!

Une autre idée forte, qui prolonge la première : plutôt que d'utiliser un expert pour faire des choses, demandez-lui de vous apprendre à faire les choses. Ce n'est pas un principe nouveau, comme l'atteste la parabole du pêcheur. A peu de choses près: "Donne un poisson à un homme qui a faim, et il mangera aujourd'hui. Apprends-lui à pêcher, et il mangera toute sa vie". Ce que l'on pourrait compléter par : "Dans un deuxième temps, apprends-lui aussi à enlever les boyaux et les arêtes, ça sera tip top". Autrement dit : acquérez les compétences de base en accessibilité sur les activités de production qui vous reviennent (coder, contribuer), et réservez l'expert pour les sujets plus pointus. Sur cette base, consolidez vos acquis, jusqu'à banaliser l'accessibilité, pour ensuite aller plus loin vers l'autonomie vis-à-vis de l'expert. La plus grande victoire qui puisse s'imaginer pour un expert en accessibilité, c'est lorsqu'il finit par être inutile. Chacun devrait travailler dans ce sens.

En attendant qu'il soit distribué par Braillenet avec tous les autres, je vous propose de consulter le support de présentation sur SlideShare, avec sa transcription (pas terrible, je vais la retravailler, promis).

Vu et entendu au FEAN

C'était mon troisième Forum. Comme à chaque fois il a été riche en rencontres et en enseignements. Cependant, cette année, oserai-je le dire?... oui, allez, on est entre nous: j'ai par moments été un poil déçu. Probablement que j'en attendais plus. Comme l'analyse Delphine Malassingne, il y a un problème d'équilibre entre des présentations qui s'adressent tantôt aux néophytes, tantôt aux spécialistes, qui constituent a priori la plus grosse part de l'audience. Du coup certaines présentations ont paru légères, ou à coté de la plaque.

Quoiqu'il en soit, voici mon petit best-of à moi.

Le gouvernement lit vos e-mails

Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat à la Solidarité et à la Cohésion sociale, était la personnalité politique invitée cette année pour ouvrir l'événement. Le discours était sans surprise… jusqu'à ce qu'elle mentionne la lettre ouverte sur l'accessibilité des services numériques publics. Affirmant même qu'elle en partageait en partie les constats! Bon ben, finalement ça valait le coup de se donner du mal...

Ca tweete dans tous les coins

Je n'y avais pas trop prêté attention auparavant, mais c'est clair que Twitter est omniprésent dans une telle assemblée. N'étant pas tweeteur moi-même (à l'époque, mais ça a changé: retrouvez-moi sur @OlivierNourry), j'ai vu ça de loin, et a posteriori. Mais j'ai trouvé fascinant ce branchement dans la tête des gens, qui commentent à tout va, en direct, sans filtre. J'y ai aussi senti une complicité certaine dans cette communauté de l'accessibilité, qui partage un idéal commun, celui d'un monde meilleur pour tous (ouah, je m'émeus moi-même). Et on apprend des choses passionnantes: par exemple qu'Elie kiffe Claudie, ou que mon nom est Bond Junior, James Bond Junior.

Seb, c'est bien

Décidemment Sébastien Delorme n'en finit pas d'être pertinent. Sa présentation sur la mise en accessibilité d'un site de recrutement tapait en plein dans le mille pour moi. Ca fait un moment que j'ai ce sentiment crispant que tout reste à faire dans ce domaine, scandaleusement en retard, compte tenu de l'enjeu pour les personnes handicapées. En plus d'un point de vue business, ça devrait être une priorité, car le coût de la non-action se voit directement dans les comptes.

Know your kung-fu

Un membre de l'assistance, un Norvégien, a posé une question en langue des signes (norvégienne, je suppose...). Son interprète a traduit la question en anglais, elle-même traduite en français, pour l'interprète en langue des signes française officiant pour le colloque. Les deux signeurs se trouvaient face-à-face, à quelques mètres, et leurs mains volaient en tous sens, à une vitesse démente. J'avais l'impression d'assister à un remakede la grande scène de combat entre Neo et l'agent Smith (mais si, dans Matrix...). Epoustouflant ! Et respect pour les interprètes et traducteurs...

Quand on veut, on peut

Bertrand Binois, du Conseil général du Pas-de-Calais, est venu raconter l'expérience d'une structure qui veut rendre son site accessible, sans l'avoir jamais fait. Bon, c'est sûr qu'étant épaulés par Temesis, ils avaient moyen d'être sereins! Cependant le gros du travail leur a incombé, et leur histoire prouve que la motivation et le pragmatisme, aromatisés à l'humilité, permettent d'arriver à un résultat remarquable, même avec des moyens limités.

In Vino Veritas

Dans une vie antérieure, Elie Sloïm a travaillé dans un labo d'œnologie. Il en a ramené au moins un principe (pour le reste, je ne sais pas!): l'incertitude fait partie de la mesure. Et plutôt que de la combattre, il est souvent plus adroit de l'accepter et de continuer à avancer. Ce qui renvoie à un principe fort de l'art de la productivité : faire le bon travail, plutôt que bien faire le travail. Appliqué au cas de gestion d'un parc de sites, présenté par Elie, cela se traduisait par des audits globaux, pas très précis, ni exhaustifs, mais rapides et donc peu coûteux. Au final, l'économie était conséquente: l'opération d'ensemble était probablement moitié moins coûteuse qu'une démarche plus pointilleuse, basée sur le format très structurant de l'audit typé WCAG2 auquel nous sommes trop habitués.

La tempête Cynthia

Cinthya Waddell, spécialiste américaine des questions juridiques liées à l'accessibilité, venait présenter différents cas de non-accessibilité ayant donné lieu à une action en justice. Elle nous a refait l'histoire des droits des personnes handicapées aux Etats-Unis ("au commencement il n'y avait rien. Puis vinrent les dinosaures..."). Et n'a pas lâché le pupitre avant d'avoir montré tous ses innombrables slides, tous très chargés, provoquant de grands gestes paniqués du président de séance, qui voyait la fin de journée approcher dangereusement... Mais elle était inarrêtable! Ca en devenait comique, la salle tremblant d'hilarité devant ce combat inégal...

Voila pour cette édition, bravo aux organisateurs, et vivement la prochaine!

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samedi 29 janvier 2011

Lettre ouverte pour l’accessibilité numérique des services publics

Posté par webyboom le samedi 29 janvier 2011 - Accessibilité

Tout a commencé par une question, sur la liste GTA, tout-à-fait banale et légitime : que risquent les sites web publics qui n'appliquent pas le RGAA (Référentiel général d'accessibilité des administrations) dans le délai imparti? La réponse était consternante de simplicité: rien, ou tout comme.

A suivi une discussion passionnée, où ont été étalés de nombreux points d'incompréhension et d'incohérence dans le dispositif réglementaire avec lequel doivent composer les acheteurs publics et leurs fournisseurs. En résumé, on a un ensemble de documents, le RGAA plus son décret d'application, dont le contenu technique est complexe, mais c'est la loi du genre. Les professionnels de l'accessibilité, rompus aux arcanes des WCAG et de ses différents rejetons, peuvent s'en débrouiller. Mais les contradictions et imprécisions qui le jalonnent, sur le plan des modalités d'applications, rendent impossible à déterminer des questions aussi simples et fondamentales que: à quoi le RGAA s'applique-t-il effectivement? quelles sont les dérogations? quel niveau est attendu? quel est le délai? quelles sont les sanctions?

Ça peut paraitre incroyable, mais il y a une loi à respecter, et personne ne sait en quoi elle consiste concrètement. Et c'est pas faute d'avoir travaillé le sujet: étant incontournable, nombre de cerveaux, et pas des moindres, se sont usés sur la bête. Pire encore, aucune administration, bureau, instance ou même délégué d'une quelconque agence ne semble être chargé du dossier. Les réponses à ces questions sont donc laissées à la seule appréciation de ceux qui se les posent. Les usagers face une situation d'inaccessibilité manifeste, n'ont pas même un début de point de contact, à part l'administration fautive. On imagine sans peine le résultat d'une telle démarche en général, surtout si l'on songe aux dizaines de milliers de sites web concernés...

Cette situation pose plusieurs problèmes, lourds de conséquence:

  • les utilisateurs en situation de handicap n'ont pas d'outil fiable pour évaluer la prise en compte de leurs besoins, et le respect des engagements de l'État à leur encontre
  • les maitres d'ouvrage publics, en général pas du tout ou très peu formés,  sont face à un dispositif contraignant, incompréhensible, et pour lequel aucun budget n'a été alloué
  • les professionnels sont bien en peine de les aider. Ceux qui sont compétents sur le sujet sont pénalisés face aux concurrents peu scrupuleux (ou simplement ignorants) qui clameront leur capacité à rendre un site accessible, sans savoir de quoi il retourne. Ce qui ne leur pose pas de problème, les clients en face n'étant pas plus aptes à en juger
  • cette loi, mise en application réelle, créerait une demande plusieurs fois plus importante que ce que peuvent absorber les prestataires de la place. Si elle se concrétisait, des acteurs importants (agences web, SSII) s'y intéresseraient, y investiraient, ce qui tendrait à diversifier l'offre, à baisser les coûts, et à valoriser la compétence véritable.Tous s'y retrouveraient, les utilisateurs en premier lieu. L'accessibilité numérique en France est aujourd'hui une activité d'artisans, au sens noble du terme. Mais pour qu'elle devienne banale, ce qui est l'objectif ultime, il faut qu'elle s'industrialise.

Suite à la discussion, Patrice Bourlon a émis l'idée d'une lettre ouverte aux pouvoirs publics, en ligne depuis le 28 janvier. Certains lui ont manifesté leur soutien, ont constitué un groupe de rédacteurs (dont bibi) et l'ont aidé à élaborer et peaufiner ce document au fil des semaines. Des acteurs importants du monde de l'accessibilité ont rejoint le groupe de départ pour signer et marquer ainsi leur approbation au contenu de cette lettre. D'autres, approchés également, ont choisi de ne pas le faire, pour diverses raisons, que je ne juge pas et respecte par ailleurs. Pour ma part, il m'a paru important de contribuer à cette initiative, et à ce courrier, qui synthétise avec honnêteté et précision les raisons qui font de l'article 47 de la loi de 2005, l'objet de toutes nos frustrations.

Si vous adhérez à cette idée, parlez de cette lettre autour de vous, et mieux encore, bloggez, twittez et facebookez à son propos. Plus on fait du bruit, plus on est entendu...

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