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Webyboom
11 septembre 2008

L'accessibilité concerne également les progiciels

Début août 2008, un accord a été conclu entre la NFB (association d'aveugles américaine), l'état de l'Arkansas et l'éditeur de logiciels d'entreprise SAP, concernant l'accessibilité de la solution logicielle livrée par ce dernier. Bref rappel des faits...

En 2001, deux non-voyants salariés de l'état d'Arkansas, soutenus par la NFB, avaient attaqué leur employeur. En cause, l'incompatibilité avec un lecteur d'écran du progiciel de gestion mis en place par l'état, qui les empêchait d'effectuer certaines tâches relatives à leur travail. Les plaignants ont fait valoir que ceci entrait en violation avec la politique d'achat de services et produits informatiques de l'état, stipulant qu'ils doivent permettre l'accès et l'utilisation par les non et mal-voyants. Ce progiciel s'appuyant pour une large part sur une solution fournie par SAP, l'état s'est à son tour retourné contre l'éditeur allemand.

A l'issue de l'accord, SAP s'est engagé à fournir à son client les adaptations et modifications nécessaires à la compatibilité de l'application avec les lecteurs d'écran, d'ici au 1er août 2009.

Cette affaire rappelle que l'accessibilité numérique ne se limite pas aux sites web, loin de là. Dans le cadre du travail en entreprise, de nombreuses tâches sont réalisées via des systèmes informatiques de gestion d'entreprise. Ils sont même au cœur des processus de travail et de l'activité quotidienne de nombreuses catégories de salariés.

Généralement basés sur des solutions lourdes et structurantes, ils descendent parfois d'applications affichant au compteur plusieurs décennies de vie commerciale. Cependant l'argument de l'héritage ("legacy" dans le jargon informatique), pour justifier les manquements de ce genre, s'affaiblit avec le temps. Les systèmes d'exploitation actuels facilitent l'interfaçage avec les technologies d'assistance. Les progrès des technologies web permettent de se rapprocher des fonctionnalités des logiciels installés sur le poste, et la "webisation" des applications devient de plus en plus économiquement justifiée.

La reconquête de l'espace de travail par les salariés handicapés, terreau de leur intégration sociale, devrait être favorisée, et non pénalisée, par la technologie. Comment expliquer alors le retard constaté dans ce domaine, alors que l'on est en plein dans le champ d'application de la loi de février 2005 sur l'égalité des chances? Et que l'intégration des fonctionnalités d'accessibilité aux produits devrait logiquement constituer un avantage compétitif décisif? Probablement par les mêmes raisons que pour le web: manque d'information des décideurs, manque d'incitation par les pouvoirs publics, manque de moyens de pression pour les utilisateurs lésés... Les raisons de l'immobilisme sont faciles à trouver dès lors qu'on ne remet rien en cause. Les raisons d'agir le sont tout autant, à partir du moment où l'on prend soin de s'informer et d'intégrer tous les éléments de l'équation. Espérons que la publicité faite autour de situations telles que celle décrite plus haut fera prendre conscience des enjeux liés à l'accessibilité, et des opportunités offertes aux acteurs de l'informatique.

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